Alain de Lille
Poète et théologien, Alain de Lille (1120?-1202) fit partie de la réaction mystique de la deuxième moitié du XIIe siècle contre les premiers représentants de la philosophie scolastique. Son mysticisme, cependant, est loin d'être aussi absolu que celui des Victorins. En témoigne l' Anticlaudianus (traité sur la morale pastichant le Contre Rufin du poète latin Claudien), son autre œuvre majeure avec La Plainte de la Nature : il y exprime l'idée que la raison, guidée par la prudence, peut par elle-même découvrir la plupart des vérités de l'ordre physique, mais pour l'appréhension des vérités religieuses elle doit se fier à la foi.
Le versant purement théologique de son œuvre en fait un représentant majeur de la grammaire spéculative appliquée à la théologie. Ayant vécu entre la Somme théologique de Pierre Lombard et les œuvres de Thomas d'Aquin, il reste durant les XIIIe et XIVe siècles une des autorités citées communément par tous les auteurs. Doté d’une plume alerte et d’une pensée riche, Alain de Lille assurait qu’il y avait toujours trois manières de goûter ses œuvres : « l’entendement puéril », qui cherche le plaisir, peut se contenter du sens littéral, ceux qui veulent profiter de la lecture ont à leur disposition un sens moral ; enfin, une intelligence plus fine trouve à s’aiguiser sur le sens allégorique