John Milton
Né à Londres en décembre 1608, Milton eut le don d’être toujours aussi populaire en France que dans les pays anglophones. Il y eut ainsi au moins six traductions du Paradis perdu au XVIIIe siècle, et la première d’entre elles vint de la main de Louis Racine, le fils de Jean. Milton est issu d’un milieu aisé, cultivé et religieux. Son père anglican souhaite le voir entrer dans les ordres, mais le jeune Milton est hostile à l’anglicanisme et s’y refuse. Menant une vie d’étude, acquérant un esprit aussi fin qu’érudit, il lit et il écrit. Portant avec soi l’état d’esprit et l’humanisme de la Renaissance, il publie des poèmes élégiaques ou philosophiques, parmi lesquels Comus et Lycidas. De 1637 à 1639 il voyage en France et en Italie : il lit Dante, Pétrarque, le Tasse, et rencontre Galilée. De retour à Londres, la « guerre des évêques » et les prémices de la Révolution anglaise lui font commencer une ardente activité de pamphlétaire qui durera jusqu’à l’avènement de Charles II en 1660. Ces pamphlets font apparaître le tempérament de Milton dans les paradoxes de ses nuances, car le poète s’y montre défenseur de l’Éternité tout autant que moraliste libertaire. En 1660 Charles II le défait de toute fonction officielle. Dans la pauvreté et le déclassement Milton consacre alors son temps à la rédaction d’un grand poème, une épopée sacrée en deux parties : le Paradis perdu et le Paradis reconquis. Ayant perdu la vue à la suite d’une amaurose, il est déjà aveugle depuis plusieurs années. « Son âme était comme une étoile et habitait à l’écart », écrit de lui Wordsworth. Dans cette nuit des sens, Milton consacre les quinze dernières années de sa vie à dicter l’œuvre totale, ces Paradis qui allaient bouleverser l’histoire de la littérature.