- 598 pages
- Index, Bibliographie
- Livre broché
- 16.1 x 24 cm
- Anagôgê
- N° dans la collection : 7
- Parution : 14/03/2014
- CLIL : 3127
- EAN13 : 9782251420165
- Code distributeur : 46111
Simplicius et l'Infini
Préface de : Philippe Hoffmann
Présentation
Comment penser la présence de l'infini dans la phénoménalité du monde fini ? Comment articuler l’affirmation de la finitude du monde et celle de l’infinie puissance de son principe, en dehors de toute cosmogonie créationniste ? Rédigé à la fin de l’Antiquité, le Commentaire à la Physique d’Aristote dû au philosophe néoplatonicien Simplicius offre une réponse à ces questions. Il montre comment l’analyse du monde fini, tel qu’il est donné dans l’expérience phénoménale, permet d’y découvrir l’inscription d’une puissance d’un autre ordre. Il fait même de la reconnaissance de cette puissance une condition d’accès à l’intelligibilité du devenir. Le présent ouvrage propose une mise en perspective de l’histoire du problème de l’infini (apeiron) dans la philosophie grecque antique, à travers l’étude de la mutation du sens et de la valeur accordés à ce concept dans le Commentaire de Simplicius (In Physicam, III, 4-8). Toutefois, ce texte n’est pas simplement situé comme un document d’étape. Certes, on y déchiffre le symptôme d’un puissant mouvement historique de transition spirituelle : à partir d’un « illimité » négativement connoté depuis le tournant parménidien, celle-ci débouchera, par le relais de la philosophie médiévale, sur l’idée moderne d’une infinité positive. Mais le passage de « l’illimité » à « l’infini » désigne encore un mouvement anagogique interne à la démarche même de l’exégèse de Simplicius. De fait, la critique aristotélicienne du faux infini engendré par la représentation y est interprétée comme une préparation à la célébration d’une infinité expressive de la puissance de l’Un, laquelle déploie sa fécondité depuis l’ordre intelligible jusqu’au devenir sublunaire. Appuyée sur des traductions inédites de textes de Simplicius, mais aussi de Jamblique, de Syrianus et de Proclus, cette enquête excède le seul spectre doctrinal du platonisme depuis Plotin. Outre le destin de pensées présocratiques comme celles d’Anaxagore et des Pythagoriciens, elle interroge également le statut problématique de la « doctrine orale » attribuée à Platon, le moyen platonisme, le pythagorisme hellénistique – et au premier chef la philosophie aristotélicienne elle-même.
Docteur et agrégé de philosophie, Philippe Soulier enseigne actuellement en classes préparatoires aux grandes écoles ; il est aussi chargé de cours à la faculté de philosophie de l’Université de Nantes.
Biographies Contributeurs
Philippe Soulier
Agrégé de philosophie, docteur, Philippe Soulier enseigne actuellement dans les classes préparatoires aux grandes écoles et à la faculté de philosophie de l'université de Nantes. Il prépare en collaboration avec Pantelis Golitsis une traduction annotée de l’In Physicam de Simplicius (III, 4-8), fondée sur une nouvelle édition critique du texte grec.
Table des matières
Préface par Philippe Hoffmann
Introduction
I. La thèse philosophique de Simplicius sur l'ἄπειρον
A. La thèse aristotélicienne : la pensée comme instance d'actualisation de l'infini potentiel
La thèse de Jaakko Hintikka
Critique de cette interprétation
La conception opératoire d'Aristote selon Wieland
B. De l’infinité imaginaire à la réalité du procès à l’infini. L’interprétation « réaliste » de Simplicius
1. Rejet de l’illimitation imaginaire
11. L’imagination est-elle une intellection de l’infini ?
Simplicius s’inspire-t-il de Proclus en reliant l’infini à l’imagination ?
12. Représentation et réalité. La doctrine de l’abstraction
2. Le mode d’existence réelle de l’ἄπειρον au niveau des corps sensibles : le procès à l’infini
21. L’opposition entre deux notions de l’illimité : l’acte et la puissance
22. L’opposition entre ce qui a son être dans le fait de devenir et ce qui est simultané
3. Le statut de la matière et son opposition à la forme
31. La matière comme paradigme analogique
32. La matière comme cause ultime de l’illimitation des grandeurs
33. Les trois types de nombre : monadique, corporel et dichotomique
34. Le statut du nombre dichotomique et la grandeur non qualifiée
35. L’illimité n’est pas un genre
II. L’ancrage néoplatonicien de la doctrine
mobilisée par le Commentaire
A. La doctrine néoplatonicienne orthodoxe : la présentation de Proclus (In Parmenidem, VI, col.1118.7 -1124.37 Cousin, 6 -.28 Steel)
1. Traduction du texte de Proclus. En quel sens l’Un est-il illimité ?
1. Diverses conceptions de l’illimitation de l’Un
2. Proclus suivra la doctrine de son maître Syrianus pour résoudre la question
2.1. Les dix classes de l'illimité
Récapitulation : comment chaque classe de l’illimitation dépend de la classe antérieure
Transition : la Limite et l’Illimité sont l’Éther et le Chaos orphiques
2.2. Les dix classes de la série de la limite
2. Analyse du texte de Proclus
21. Diverses conceptions de l’illimitation de l’Un
21.1. La première conception
211.1. Premier sens de l’illimité
211.2. Deuxième sens de l’illimité
21.2. Deuxième conception
21.3. Troisième conception
22. La solution proclienne
Proclus suivra la doctrine de son maître Syrianus
Les dix classes de l’illimité
I. L’illimitation de la matière
II. L’illimitation de la grandeur
III. Le niveau des qualités premières et de la quantité définie
IV. La totalité du devenir
a) L’illimitation
b) La limite : fixité des espèces
V. La translation circulaire du Ciel
VI. L’âme du monde
VII. L’illimitation du temps
VIII. L’intellect
IX. L’éternité
Récapitulation
B. Utilisation de cette doctrine proclienne dans le texte de Simplicius
1. Dans le commentaire à Physique, III, 4-8
1.1. La distinction entre l’illimitation de la matière et celle de la grandeur
a. L’illimitation seconde : le cas de la grandeur
b. L’idée d’aptitude naturelle : illimitation, matière et privation
1.2. Le niveau des qualités premières et de la quantité définie
1.2.1. Le statut des qualités. La dualité de la limite et de l’illimité est-elle universelle ?
La présentation d’Aristote (Physique, III, 4, 202b30-36)
L’exégèse de Simplicius (In Phys., 451.12-452.15 Diels)
121.1. Comparaison avec le premier livre de la Physique (I, 2, 185a32-185b3)
121.2. Le désaccord avec Alexandre d’Aphrodise
121.3. La mention de l’unité et le statut du point
a. le point et la monade ne sont pas illimités parce qu’ils sont indivisibles
b. Le point et la monade ne sont pas limités, parce qu’ils sont respectivement limite et principe
b1. Premier niveau d’interprétation : interne à la pensée d’Aristote
Comparaison entre la conception proclienne du point et celle d’Aristote
b2. Deuxième niveau d’interprétation : la doctrine néoplatonicienne du point et de la monade
Point et monade chez Plotin
Point et monade dans l’ In Euclidem de Proclus
1.2.2 La quantité définie
1.3. La totalité du devenir (septième niveau proclien)
La procession à l’infini des générations
2. Procès à l’infini et infinité simultanée : la double illimitation du « toujours »
L’ἄπειρον chez Simplicius hors du livre III
21. La translation circulaire du Ciel et la puissance illimitée du premier moteur
a. Mouvement rectiligne et mouvement circulaire
b. L’éternité illimitée du premier moteur
22. L’illimitation du temps et l’éternité
Le double sens de l’illimitation du toujours
L’héritage proclien de cette doctrine
Le Corollarium de tempore et la discussion des thèses de Damascius
La polémique avec Jean Philopon
C. Présence de l’infinité transcendante : l’exploitation néoplatonicienne des doctrines anciennes
1. Pythagorisme
11. Les Pythagoriciens ont-ils posé un double illimité ?
11.1. La présentation d’Aristote
11.2. L’interprétation de Simplicius (In Phys., III, 4, 453, 5-18)
a. Première référence : l’hymne pythagoricien au nombre
b. Seconde référence : la formule d’Hippase
La doctrine du double nombre
c. Troisième référence : Timée de Locres
12. La Limite et l’Illimité comme principes universels
2. Platonisme
21. La doctrine platonicienne de la double illimitation
21.1. La présentation d’Aristote
21.2. L’interprétation donnée par Simplicius
a. L’équivalence des appellations de l’ ἄπειρον : « dyade indéfinie » et « Grand-et-Petit »
b. Maintien d’une différence terminologique liée à la thèse du double ἄπειρον
c. La dyade platonicienne du Grand et du Petit : principe des Idées ou matière des corps sensibles ?
Conclusion
2.2. La question de l’unité de la dyade du Grand et du Petit
2.3. Défense de Platon contre la critique aristotélicienne
2.4. Vérité profonde de la doctrine platonicienne de l’ἄπειρον
24.1. Le sens de l’objection aristotélicienne
24.2. Résolution de l’aporie dans l’exégèse néoplatonicienne
a. L’explication de l’objection
b. Le premier niveau de réponse
c. Le deuxième niveau de réponse
3. Simplicius et la réhabilitation néoplatonicienne d’Anaxagore
3.1. La présentation de la doctrine d’Anaxagore par Aristote (Phys., III, 4, 203a23-33)
a. La première proposition (III, 4, 203a23) et l’exposé critique du premier livre (I, 4, 187a20-188a18)
b. Le développement doctrinal en Phys., 203a24-33
3.2. L’interprétation donnée par Simplicius
32.1. Le statut temporel de la distinction
32.2. L’interprétation du lemme : premier niveau de la diakosmesis
32.2.1. Distinction et séparation
a. διάκρισις, ἀπόκρισις ou ἔκκρισις ? L’attribution des termes à la doctrine d’Anaxagore
L’ἔκκρισις
La διάκρισις : principe de génération ou principe de dissolution ?
b. Le concept néoplatonicien de la distinction (διάκρισις)
La différence entre intelligible et intellectif
Pourquoi Simplicius privilégie la doctrine d’Anaxagore
c. La reconstruction néoplatonicienne de la doctrine de la διακόσμησις chez Anaxagore
Pourquoi deux versions pour une même doctrine ?
La version ternaire (complète)
La présentation binaire (simplifiée)
32.2.2. La doctrine anaxagoréenne du cosmos sensible selon Simplicius
a. À partir de l’exégèse du texte aristotélicien
a.1. Du « mû par un autre » au « mû par soi »
a.2. La coagrégation, vocabulaire spécifique de Damascius
b. Indépendamment de l’exégèse du texte d’Aristote
b1. Le niveau anaxagoréen
b2. Le niveau aristotélicien
b3. Le niveau néoplatonicien : morcellement et conspiration
La distinction sensible est-elle un morcellement à l’infini ?
Le thème du morcellement sensible dans l’ In Physicam
Le thème de la conspiration sensible : l’aphorisme du pseudo-Hippocrate
Dans le Stoïcisme
Chez Galien
L’aphorisme chez Plotin, Porphyre et Jamblique
Chez Proclus
33. Le repos en soi-même de l’infinité intelligible (In Phys., III 5, 487. 18-29)
33.1. L’explication des objections d’Aristote
33.2. La résolution néoplatonicienne des objections
33.3. Mobilisation de la doctrine de Damascius
III. L’ἄπειρον néoplatonicien de Plotin à Damascius
A. Le point de départ du problème : une difficulté exégétique platonicienne exploitée par Aristote
1. Les deux concepts du Philèbe
2. L’impossible correspondance entre le Philèbe et le Timée
3. La synthèse des deux concepts dans la présentation aristotélicienne de la « doctrine non-écrite » de Platon
4. La critique de la présentation aristotélicienne par Cherniss
5. Réponse à l’objection de Cherniss
6. Une solution : la thèse du double ἄπειρον
B. Les acceptions multiples de l’ἄπειρον chez Plotin
1. L’infini négatif (ou illimitation) et le primat de la limite
11. La critique du faux infini : l’opposition du nombre et de l’illimitation
11.1. Le « faux infini » de la représentation imaginaire : l’indéfini
11.2. L’intelligible et son nombre, en tant que tels, sont limités et déterminés
11.3. Conséquence : l’univers sensible comme règne de la limite
11.4. Irréalité et incognoscibilité de l’ἄπειρον
12. Le véritable ἄπειρον : l’indétermination de la matière des corps sensibles
121. La matière est l’illimité
122. La thèse de la contrariété : construction du concept d’ἀπειρία par opposition
Comment l’infinité matérielle s’oppose-t-elle au bien ? (Traité 51, 6, 28-59)
a. La contrariété absolue
b. La subordination
123. Le problème de l’engendrement de l’ἄπειρον matériel
a. La fuite de l’infini-matière
b. L’engendrement de la matière par l’âme végétative : l’indétermination
13. L’ambivalence de l’ἄπειρον : l’illimitation de la matière intelligible
2. L’infini positif
21. Le bon infini de l’Un
21.1. L’infinité par simplicité : l’indétermination
21.2. L’infinité comme puissance de l’Un
22. Le « bon infini » des êtres intelligibles : l’intelligible et l’intellect
22.1. L’infinité du nombre intelligible : l’αὐτάρκεια comme absence de limite externe
22.2. L’infinité par multiplicité : l’unité plurielle de l’intellect
La croissance à l’infini du nombre intelligible
L’opposition du nombre et de la grandeur
Réinterprétation du concept de grandeur. Ses deux modes : puissance et extension
22.3. L’ἄπειρον comme unité plurielle de l’âme
L’illimitation externe : la non-spatialité
L’illimitation interne
23. L’infinité dans le monde sensible
L’infini du temps et l’infini de l’éternité
Le problème de l’infinité du nombre des périodes cosmiques
La question de l’infinité des individus
C. L’Un et la dyade indéfinie : une reconstruction platonicienne du pythagorisme
1. Avant Platon
11. Le Pythagorisme ancien
12. Anaximandre et Parménide
13. De Parménide à Mélissos
14. Philolaos contre Anaxagore
2. Le platonisme de l’Ancienne Académie
21. La dyade du Grand et du Petit dans les dialogues de Platon
Le Philèbe
Les deux métrétiques du Politique (283c-285c)
22. La doctrine de Platon selon Aristote
3. D’où provient l’attribution de la dyade indéfinie aux Pythagoriciens ?
31. Ce n’est pas la doctrine de Speusippe
32. Cette appellation est employée par Xénocrate
4. La dyade au-delà du dualisme
41. Le dualisme des principes
42. Théophraste : un dualisme « complémentariste »
43. De la complémentarité à la dérivation commune : Eudore d’Alexandrie
44. La thèse moniste de la dérivation simple : Alexandre Polyhistor
45. Absence d’ordre ou désordre actif ? Plutarque de Chéronée
46. Le dualisme exclusif : Numénius
47. L’unité de l’ἄπειρον néoplatonicien
D. L’ἄπειρον dans le néoplatonisme tardif de Jamblique à Proclus
1. L’Un et la dyade chez Plotin
2. Le néopythagorisme : Philolaos apud Nicomaque
3. Jamblique
L’exégèse du Philèbe : Porphyre et Jamblique
Rôle des deux principes dans le système de Jamblique
Limite et illimité ou monade et dyade ?
4. Syrianus
La question de la désignation des principes
L’analogie des principes dans les niveaux de réalité
La théorie des nombres
Forme et matière
5. Proclus : l’ἄπειρον comme puissance
51. La désignation des principes
La référence au Philèbe
52. Proclus critique de Plotin : de la matière intelligible à la puissance
53. L’ἄπειρον dans les Éléments de Théologie
a. L’infini négatif : l’illimitation dans l’éloignement de l’Un
a1. Exclusion de l’illimitation numérique : l’ἄπειρον comme prédicat de la multiplicité
a2. Exclusion de l’illimitation extensive ou de grandeur
a3. Conséquence de cette double exclusion : la fonction limitante de l’Un
a4. L’ ἄπειρον prédiqué
b. L’infini dans la proximité de l’Un : la puissance (§ 150)
b1. Le concept de puissance, opérateur de l’opposition entre illimitation et pluralité
b2. L’infini de puissance et l’illimitation de l’éternité
Affinement de la typologie
b3. L’illimitation de la matière, image inversée de l’illimitation de l’Un
b4. Cohésion de l’univers proclien
c. Dérivation sérielle des puissances illimitées à partir de l’infinité primordiale
d. La limite et l’illimité comme constituants universels : l’ontologie du mixte
Dieux paternels et dieux générateurs
6. Damascius
IV. La méthode d’exégèse
A. Le σκοπός d’Aristote selon Simplicius
1. La prise en compte du σκοπός pour situer le livre III dans la Physique
2. Fonction exégétique de l’assignation du σκοπός dans la section sur l’ἄπειρον
21. Le σκοπός comme outil herméneutique permettant d’établir la structure du texte commenté
a. La première partie du texte
b. La deuxième partie du texte
22. Le σκοπός comme instrument exégétique ponctuel
23. La spécification du discours au corps naturel sublunaire
24. L’assignation du σκοπός comme vecteur d’identification de la thèse principale
3. De la fonction exégétique à la fonction concordiste
B. Simplicius et les commentateurs
1. Alexandre d’Aphrodise
2. Eudème
3. Thémistius
4. Philopon
C. Logique et dialectique
1. La reconstruction logique du raisonnement d’Aristote
2. Argument dialectique et démonstration scientifique
3. L’aporétique et le jeu de la question et de la réponse
Conclusion
Annexe : Résumé analytique du texte de Simplicius (In Physicam, III, 4-8)
Bibliographie
Index des noms anciens
Index des auteurs modernes
Index des passages cités
Informations détaillée
- 598 pages
- Index, Bibliographie
- Livre broché
- 16.1 x 24 cm
- Anagôgê
- N° dans la collection : 7
- Parution : 14/03/2014
- CLIL : 3127
- EAN13 : 9782251420165
- Code distributeur : 46111